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Au fil de l'eau...

Au fil de l'eau...
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26 novembre 2008

rectif

Merci pour les quelques réactions que j'ai reçu! Au grand risque de vous décevoir, le texte intitulé "Portrait" n'est pas de moi. Mais je suis flattée que vous ayez pu croire que j'étais dotée d'un tel talent. Sachez tout de même que le jeune romancier anonyme en question n'est autre que Clément. La prochaine fois je signerai les textes...
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1 novembre 2008

en route

Enfin je m'y colle!

Oui je vais essayer de  vous faire part de ce qui se trame de l'autre côté de l'hexagone, aprés marseille, à gauche puis encore à gauche ,si t es en bateau, et à pied c'est toujours tout droit (enfin presque). L'idée c'est d'avoir des nouvelles fraiches et de pourvoir échanger avec vous, et ce, le plus souvent possible. Sur ce point, je tiens juste à signaler que la fréquence dépendra des coupures d'électricité.
Vous saurez à quoi ressemble une journée type à Bakel, les truc à ne pas rater, les trucs à faire, bref the Bakel way of life, comme je  le disais dernièrement. Je lancerai des pistes, tachez de les prendre au vol, relancez les si elles ne vous font pas envie, bref je veux qu'il y ait du sport!



15 octobre 2008

Portraits

Bakel s'étend le long du fleuve Sénégal, recouvre quelque collines, et s'allonge le long de la route bitumée vers l'intérieur des terres.
Les maisons de terre, plutôt modestes, coiffées de tôles de zinc, alternent avec les récentes maisons de briques et de ciment, plus cossues. entre ces deux catégories, la terre se mêle au ciment, la brique au zinc
Nous logeons dans une maison de la deuxième catégorie, dans des rues ressemblant à celles décrites tout à l'heure.
Les jours se suivent et se ressemblent, au rythme des pluies et du temps qui passe, des cris des chèvres, des moutons, des gamins, et des ânes.

Avant chaque pluie, les nuages s'amassent et la chaleur fait sentir son poids. La journée se déroule dans l'attente, et quand l'horizon est enfin empli d'un gris tirant sur l'ocre, un grand vent se lève brusquement. Les nuages s'approchent alors, apportant avec eux une lumière orangée qui trouble l'atmosphère. De violentes rafales de poussières précèdent la pluie de quelques instants, et s'effacent dès que l'averse est là.
D'autre jours, ce sont des orages qui semblent s'élever du sol, qui montent comme une colonne de fumée. Puis arrivés dans les airs, ils enflent, s'étendent à l'horizontale et envahissent le ciel, gonflent et roulent des éclairs inquiétants.

La pluie est salutaire pour les cultures : les champs doivent produire de quoi manger pour un an en 3 ou 4 mois. Elle est donc la bienvenue : elle fait baisser la température, et permet de dormir sans se noyer dans sa sueur. Mais elle abuse parfois de l'hospitalité et s'invite là où on voudrait ne pas l'attendre. Les cours des maisons sont ainsi souvent inondées, et l'on voit leurs occupants écoper ou creuser des caniveaux d'évacuation.

Quand il pleut, la ville change d'aspect, de couleur, de voix et de goût :

Le concert des grenouilles commence, tapissant l'espace d'un bruit de fond entêtant.

Il a plu aujourd'hui, et une nouvelle vie envahit la ville. Des flaques sont nées, des ruisseaux les ont nourris, enflés, jusqu'à  ce que des mares dessinent à traits pâteux les contours d'îlots où se réfugient les chèvres. Les rues s'animent, au rythme des eaux qui les parcourent.
Bakel se déguise en une petite Venise boueuse.
La terre gorgée d'eau retient les traces profondes des charrettes et des voitures, qui creusent un peu plus à chaque passage des tranchées grasses que les piétons évitent.

Se déplacer devient une question de stratégie, d'appréciation du terrain, de sa consistance, de la profondeur des flaques.
Le soleil sèche, ou plutôt cuit rapidement la boue ;  sous le pied, elle craque ou s'affaisse, glisse ou se dérobe.
A chacun sa recette, à chacun son chemin : certains se fient aux nuances de la boue, ocre, jaune ou marbrée, d'autres tâtent le terrain prudemment, longent les murs, se cantonnent aux bords des chemins.
Les pas ajoutés peu à peu dament le sol des sentiers incertains, et des lignes s'allongent et se faufilent dans l'entrelacs de terre et de boue  qui compose les rues de la ville.

Dans quelques jours, tout aura séché, il restera les traces des véhicules incrustées dans le sol, des ornières guidant des ruisseaux éphémères. Et à la prochaine pluie, de nouvelles traces, de nouveaux passages viendront creuser plus profondément ces ornières.

ça y est, les pluies sont finies. Les hautes herbes du Sahel,perdent leur verte exubérance pour retrouver leurs vêtements de tous les jours. La brousse s'habille de jaune, dans des camaïeux ocres et sables.

Quelques nuages s'attardent encore, mais ils semblent bien seuls sous le soleil qui reprend ses droits. Il nous couvrent de leurs trajectoires évanescentes, vite avalées derrière l'horizon par l'harmattan, ce vent généreux qui nous raconte les chaleurs du Sahara. Et ses descriptions sont si fidèles que l'on croirait qu'il nous offre les effluves même de la poussière de son voyage.

L'hiver nous quitte donc peu à peu. On le voit aux chèvres qui s'enhardissent de jour en jour. Quel rapport me direz-vous ? Et bien les coins des rues envahis par la verdure leur donnaient de quoi se nourrir sans avoir besoin de frapper aux portes des maisons. Car désormais que seules la terre et la poussière leur sont accessibles dans les ruelles et les chemins, les arbustes des jardins leur semblent bien appétissants.
Souvent donc, une chèvre ou un mouton passe sa tête par notre porte. Si on le laisse entrer, la suite du troupeau s'engouffre à sa suite.

Comment vous décrire l'atmosphère quotidienne ?
Les odeurs sont les sensations les plus difficiles à décrire, cédons donc à la paresse et écoutez :
Le matin, tout est encore endormi quand l'appel à la prière s'élève vers 5 h. Il fait encore nuit, mais les grillons ont cessé de chanter. Tout est encore endormi. Peu à peu portant, la lumière apparaît et la ville commence à se faire entendre. Les coqs font entendre leur voix les uns après les autres.
Vers 6h30 – 7h, il fait jour, et les cris des enfants que l'on éveille, parfois rudement, couvrent les bruits d'eau versée dans les douches des fonds des cours.
Le petit déjeuner avalé, les vrombissements des autos et des camions servant de transport en commun achèvent de vous ancrer dans la réalité.
Les salutations des uns et des autres balisent les passages des véhicules, et les éclats de voix de ceux qui partent aux champs croisent ceux qui ouvrent leurs boutiques, et les ateliers des soudeurs métalliques, des menuisiers et des garagistes laissent entendre leurs outils.
Puis, avec la chaleur, les bruits diminuent, et vers 14 h, l'appel à la prière ne cède la place qu'aux cris des enfants qui jouent et courent sous le soleil qui s'emploie à écraser tout ce qu'il trouve.
Puis, petit à petit, tout redémarre.
à 19 h, la nuit qui tombe atténue les sons un moment. Une fois le crépuscule passé cependant, la vie reprend ses droits.
Le soir, les bêlements et les éclats des téléviseurs et des radio couvrent les bruits des marmites du dîner. Les chauves-souris sortent et se mêlent aux grillons pour ajouter leur grain de sel.
A partir de 22h, tout se calme à nouveau. De temps en temps, un âne brait douloureusement. Seuls les groupes de jeunes gens continuant à profiter de la fraîcheur dans les rues troublent les chansons monotones des grillons.

Clément.

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